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GIJC-25 Kuala Lumpur --- Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation : la collaboration transfrontalière au cœur des préoccupations

Mardi 2 Décembre 2025

Des journalistes d’investigation du monde entier sont en quête permanente de collaboration transfrontalière afin de mieux cerner leurs sujets d’enquête et leur donner un plus grand impact. Ce besoin s’est fait bien sentir lors du GIJC (Global investigative journalism conference) tenu du 20 au 24 novembre 2025 à Kuala Lumpur, Malaisie.

 

Partie prenante au GIJC-2025, la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a partagé les « West Africa Leaks » comme sa première grande expérience collaborative avec une organisation mondiale : le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en 2015. A ce propos, Arnaud Ouédraogo, coordonnateur de la Cenozo, a mis en lumière la pertinence d’une telle démarche dans des contextes africains où les professionnels des médias ayant choisi de privilégier des enquêtes à impact ne disposent pas toujours de marges de manœuvre suffisantes pour bien faire leur travail.

 

« Après le succès des West Africa Leaks, d’autres collaborations ont suivi, permettant ainsi à la Cenozo d’approfondir son expérience avec d’autres entités ayant les mêmes principes et objectifs dans le domaine de la pratique journalistique en Afrique de l’Ouest », s’est réjoui Arnaud Ouédraogo.

 

Le coordonnateur de la Cenozo participait à une session intitulée : « Editorial leadership best practices cross-border collaboration » tenue en compagnie de Maria Teresa Ronderos, directrice et co-fondatrice du Clip (Center for investigative journalism pour l’Amérique Latine) basé en Colombie, Brigitte Alfter, directrice de Arena for Journalism in Europe et Gerard Ryle. 

 

Ce dernier, directeur exécutif du Consortium international des journalistes d’investigation, est un partisan des systèmes collaboratifs entre journalistes. Mais il insiste sur la nécessaire qualité des productions comme paravent à « la chute des garde-fous qui protégeaient les populations » face aux assauts des pouvoirs publics et de groupes d’intérêts économiques et financiers.

 

« Si les enquêtes journalistiques sont pertinentes, elles peuvent contribuer à changer des situations », notamment en Afrique de l’Ouest, dit-il.

 

Même beaucoup mieux lotis que leurs homologues (ouest) africains grâce à l’effectivité de certains contre-pouvoirs, des journalistes européens ont trouvé avec Arena for journalism in Europe un instrument de collaboration transfrontalière qui semble les mettre à l’abri de beaucoup de pression.

 

« Nous partageons des agendas en Europe car nous avons une vision commune des sociétés (européennes) dans lesquelles nous vivons, explique Brigitte Alfter. C’est pourquoi nous encourageons le Win-Win dans la collaboration transfrontalière concernant le commerce, l’agriculture, l’alimentation, etc. »

 

En Amérique Latine, le sort des journalistes d’investigation est encore plus dramatique avec des assassinats très fréquents de professionnels des médias. Dans ce contexte, Maria Teresa Ronderos voit la collaboration transfrontalière comme un acte de survie pour beaucoup de journalistes. 

 

« Nous avons débuté avec vingt journalistes pour raconter des histoires réelles qui surviennent dans notre région. Dans notre démarche, nous mettons un accent particulier sur la sécurité des journalistes. Car s’ils ne sont pas tués, ils sont au moins persécutés dans leur travail. C’est a travers des projets que nous soutenons ceux qui méritent d’être soutenus, ceux qui sont dans le besoin… », explique la journaliste colombienne.

 

Si la collaboration transfrontalière est une des priorités de la Cenozo, sa mise en œuvre reste soumise à plusieurs contraintes et préalables dans une région ouest-africaine porteuse de complexités diverses.

 

« Nous attachons une importance capitale à la gestion des diversités culturelles et linguistiques dans notre espace sous-régional. En outre, pour chaque projet éditorial co-validé avec le partenaire, nous mettons en place un Comité éditorial avec un éditeur juridique chargé de prévenir les risques de procès issus du travail journalistique », souligne Arnaud Ouédraogo. 

 

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